Les femmes ne devraient pas gagner moins que les hommes, mais l’écart salarial entre les genres n’a pas été réduit depuis des décennies. En fait, il s’élargit dans bien des cas.
Au Canada, les femmes gagnent moins que les hommes qui accomplissent un travail de valeur égale. Il s’ensuit que les…
Au Canada, les femmes gagnent moins que les hommes qui accomplissent un travail de valeur égale. Il en est ainsi indépendamment du degré de scolarité des femmes et du fait qu’elles travaillent à plein temps ou à temps partiel. La discrimination salariale existe parce que le travail traditionnellement accompli par les femmes – par exemple dans les professions de prestations de soins – a toujours été sous-estimé par rapport au travail traditionnellement dominé par les hommes. Il s’ensuit que les femmes gagnent moins que les hommes pendant leur vie active et qu’elles sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté et de prendre leur retraite dans la pauvreté.
Les statistiques ne mentent pas, et elles sont aberrantes. En 2020, les femmes gagnent globalement 32 % de moins que les hommes. Or, l’écart salarial entre les sexes est encore plus grand dans certains cas. Voici en moyenne les écarts entre différents groupes de femmes et les hommes blancs nés au Canada :
En 2004, un groupe de travail national sur l’équité salariale a tracé une approche proactive à suivre pour éliminer la discrimination salariale à l’égard des femmes au Canada. Depuis, les syndicats et les organisations féministes n’ont pas cessé de réclamer la mise en œuvre des recommandations de ce groupe de travail. Les régimes proactifs d’équité salariale établis dans plusieurs provinces – dont les plus notables sont ceux de l’Ontario et du Québec – illustrent bien ce qu’il est possible d’atteindre, et ce qu’il faut éviter.
La pandémie de la COVID-19 nous a montré à quel point le travail traditionnellement accompli par des femmes importe pour la santé et la sécurité de nos communautés. Le personnel de nettoyage, les caissières et caissiers et les personnes qui fournissent des soins comptent parmi les travailleuses et les travailleurs maintenant reconnus essentiels.
Mais il arrive souvent que le travail accompli dans ces secteurs sous-évalués passe inaperçu et ne soit pas reconnu, et il est caractérisé par de piètres conditions de travail, l’exposition à la violence, au harcèlement et à d’autres risques pour la santé et la sécurité, une sécurité d’emploi limitée et un accès restreint à des avantages sociaux, y compris les congés de maladie payés. Parce que bon nombre des personnes qui l’accomplissent sont des Noirs, des Autochtones, des femmes de couleur et des nouveaux immigrants, la sous-évaluation de ce travail contribue à élargir l’écart salarial pour les travailleurs et travailleuses marginalisés.
La pandémie a mis en évidence bon nombre de ces réalités et a comporté des risques et des iniquités nouveaux ou accrus, comme le risque plus élevé d’exposition à la COVID-19 des groupes marginalisés. À la différence d’autres pays, les femmes comptent pour la majorité des cas diagnostiqués de COVID-19 et plus de femmes que d’hommes sont morts de cette maladie au Canada.
Bien que certains des travailleurs et travailleuses en question aient reçu des augmentations salariales temporaires, il y a lieu d’en faire davantage pour s’assurer que leur travail soit apprécié à sa juste valeur et rémunéré en conséquence à long terme.
En décembre 2018, soit quatorze ans après la publication du rapport du Groupe de travail, l’équité salariale a été assujettie à une loi.
La Loi sur l’équité salariale exige que les employeurs des secteurs privé et public relevant de la compétence fédérale prennent des mesures pour voir à ce que différents emplois soient comparés selon leur valeur en milieu de travail et à ce que celle-ci soit jugée aux compétences, à l’effort, à la responsabilité et aux conditions de travail afin que la discrimination fondée sur le genre ne soit plus possible.
La Loi sera mise en application par un commissaire à l’équité salariale relevant de la Commission canadienne des droits de la personne (CCDP).
Toutefois, nous n’avons pas fini d’attendre. La nouvelle loi n’entrera en vigueur qu’une fois que son règlement d’application aura été établi, et le gouvernement fédéral a reporté son établissement à 2021. À ce rythme, cela peut prendre au moins une autre décennie avant que les femmes voient une vraie différence dans leur paye.
Joignez-vous à nous pour inciter le gouvernement fédéral à :
Pour hausser les salaires et reconnaître la valeur des emplois de prestation de soins, de vente au détail, des services alimentaires et d’autres secteurs de première ligne, le gouvernement fédéral devrait collaborer avec les ministres provinciaux et territoriaux du Travail pour :
Les femmes du Canada en ont assez d’attendre l’élimination de la discrimination salariale. Il est temps de reconnaître la valeur du travail des femmes, de combler l’écart salarial et de voir à ce que l’équité salariale soit la règle. Ajoutez votre voix à l’appel.